« Antoine de Lagasnerie m’a tuer.
Encore et toujours, la question d’un futur désirable. En fait, cette question pourrait aussi très bien se formuler ainsi : Qu’est ce que je veux, pour ma société ? ou encore : Qu’est que je souhaite à ma société ?
Plutôt que de désir ou d’envie, et si on parlait de souhaits. Les souhaits c’est doux et mignon mais ça a un pouvoir qui est fortement sous-estimé !
Puisque vouloir c’est pouvoir, souhaiter c’est créer. Quelque part…
En tout cas.
Souvent quand je demande aux gens pourquoi ils ne connaissent pas de films qui parlent d’un futur qui fait envie, ils répondent que, de toutes façons, un film où il ne se passerait rien, ça ne les intéresse pas.
…
Vous aussi il y a quelque chose qui vous choque là-dedans ?
—
Alors je leur réponds ma litanie bien rodée : Mais une histoire n’a pas besoin de se passer dans un futur apocalyptique, où presque tous les humains ont été exterminés, où les machines gouvernent, où les inégalités ont atteint un paroxysme dictatorial, où les seuls survivants errent dans un vaisseau dans l’infini du vide sidéral… pour être intéressante !
En France, le genre qui rapporte le plus est … la comédie !
Et puis il y a les films d’amour et d’aventure et d’action et sociaux et fantastiques et … bref, on peut faire des films comme au présent juste dans un futur qui a l’air intelligent, qui est allé dans le bon sens, qui s’est pris en main face à ses propres forces destructrices.
Et là je leur partage le début de mon scénario secret : Je sais pas moi, il pourrait y avoir un meurtre dans un société super. Comment ça se passerait ? Ce serait l’occasion d’explorer le concept de justice et de répression pénale dans un contexte de société humainement et mésologiquement (au sens de bonne entente entre les milieux, entre les vivants) très avancée.
En général à ce moment-là on me répond : Hum hum… En dodelinant, comme en s’éloignant, en pensées (vers le lointain de la mer et de l’horizon ?).
La justice. Voilà selon moi le point le plus difficile à imaginer dans « Qu’est-ce que je souhaite à ma société ? »
Comme le dit Antoine de Lagasnerie dans cette vidéo, « Le problème, c’est que dès qu’une action est catégorisée comme crime, tout d’un coup on a du mal à tenir le raisonnement sociologique, et c’est comme si le code pénal n’était pas seulement un code qui nous interdisait de commettre un certain nombre d’actes, mais comme si c’était un code qui nous interdisait de penser sociologiquement un certains nombres d’actes, il nous disait : « Ces actes-là tu ne dois plus les penser sociologiquement ».
Cette espèce de plafond de verre de la réflexion sociologique, je la ressent personnellement assez fortement et j’ai l’impression de la percevoir chez la grande majorité des individus que j’ai pu interroger à ce sujet ces dernières années (plusieurs centaines ; oui je peux radoter un peu).
Il existe cependant déjà des choses inspirantes dans le domaine, tout du moins, du questionnement du système judiciaire en place.
Toujours d’après Antoine de Lagasnerie, le lien entre violence répressive de l’Etat et violence criminelle n’est plus à démontrer (cf vidéo sus mentionnée). De même, l’absence de lien entre endurcissement des peines encourues et réduction de la criminalité est aussi notable.
Donc la politique de répression n’est de manière générale soit pas productive, soit clairement contreproductive.
Il faut donc imaginer autre chose.
Et ça tombe bien car certaines choses existent déjà.
Les cercles de restauration par exemple. 1, 2, 3 (vidéos)
De manière générale, et d’après Dominic Barter, la justice restaurative se distingue de la justice punitive :
La justice punitive
Dans une situation, où l’on considère classiquement qu’il y a un auteur, qui a tort et doit être puni, et une victime, on peut constater que :
- -la punition n’amène pas l’auteur à la conscience de ce que la victime a vécu -l’auteur n’est pas entendu dans ce qui l’a amené à agir ainsi -la souffrance de la victime n’est pas apaisée par la punition de l’auteur -la relation entre les 2 n’est pas réparée, la victime reste avec de la peur ou une envie de vengeance -les personnes impactées par l’acte ne sont pas prises en compte et restent aussi avec l’impact émotionnel de ce qui s’est passé -la punition conduit généralement à de l’exclusion ; on constate peu d’évolution de la conscience de l’auteur et un pourcentage important de récidive
Tandis que la justice restaurative …
La justice restaurative
- -permet une réelle prise de conscience par l’auteur des conséquences de son acte, en particulier de la souffrance de la personne qui a reçu l’acte -pour le receveur de l’acte, pouvoir exprimer sa souffrance et être entendu par l’auteur est très réparateur -l’auteur est entendu dans ce qui l’a amené à agir: c’est aussi réparateur pour lui et c’est un facteur de prévention de la récidive -dans les Cercles Restauratifs, les personnes impactées par l’acte sont prises en compte -il y a réparation matérielle et restauration de la relation entre l’auteur, le receveur de l’acte et les personnes impactées dans la communauté -l’auteur de l’acte est réintégré dans la communauté et il y a peu de récidive1
Avouez que ça a de quoi faire envie… je dirais même plus, être souhaité…
En quête de nouvelles perspectives, j’ai même posé la question de la justice dans un futur désirable à une intelligence artificielle, dont la réponse se conclut ainsi :
« Conclusion
Une société désirable pourrait s’appuyer sur une justice plurielle, où les modes alternatifs (médiation, justice réparatrice, arbitrage, etc.) complètent le système judiciaire classique, en mettant l’accent sur la participation, la réparation, l’écoute et l’équité pour tous »
Ca se mouille pas trop, c’est consensuel, diplomatique… mais on peut noter que le corps de la réponse disait, en plus des points justice horizontale et participative, accès égalitaire et culturellement adapté, souplesse et personnalisation, prévention et médiation généralisée : « Accent sur la réparation plutôt que la punition : L’objectif serait de restaurer les liens sociaux, de réparer les torts subis et de favoriser la réinsertion plutôt que de simplement sanctionner. »
Mine de rien, cette IA, elle a quand même bon(s) fond(s) 😉 !
Voilà, pour l’instant, pas facile d’imaginer plus que ça pour moi mais ça me donne envie de faire des films rien que sur ça, les cercles de restaurations, ça a l’air tellement incroyable. Waw, si la justice ressemblait à ça, au moins en (grande) partie… Bientôt, bientôt…
Voilà, pas trop de musique, encore une fois, enfin si tiens, une exposition, que j’ai découvert avec seulement 18 ans de retard. Dans le monde de l’art contemporain, c’est pas si énorme.
Elle s’appelle Ondulations, (vidéos) par le canadien Thomas MacIntosh. Des hauts parleurs font bouger de l’eau et des lampes projettent les mouvements ondulatoires de l’eau sous l’effet du son sur les murs de la salle d’expo. J’aurais beaucoup aimé la voir en vrai !
Ca me fait penser aux sculptures cinétiques qui sont ôde au mouvement, tantôt hypnotiques, tantôt tour de magie.
Je suis d’autant plus content d’avoir appelé mon entreprise Sonus Cinetik, le son en mouvement ou le mouvement du son, ou la force de mouvement du son… J’aime bien cette image, qui complète bien le nom de l’association Les Notes Vagabondes (dont je suis directeur artistique). En effet, le son et le mouvement sont deux notions qui me sont chères et ça transparait, que je le veuille ou non.
Le son et le mouvement, en 3 dimensions…. ou en 4 !
Ce qui est bien quand vous faites du covoiturage, c’est que vous rencontrez toutes sortes de gens.
Un jour, c’est un étudiant en astrophysique qui était mon passager. Il nous a raconté pendant des heures la magie des trous noirs, de l’antimatière, du plasma, etc. et … du temps ! Qu’il désignait comme une dimension, la 4ème dimension. Modulable selon certains facteurs, trous noirs et attraction gravitationnelle exceptionnelle, etc.
En tout cas, j’ai compris que le temps était une dimension. Enfin, j’ai compris…
Mais toujours est-il qu’un mouvement, dans cet ordre d’idée, pourrait bien être un mouvement dans le temps !
Et c’est justement l’idée de l’exposition que j’aimerais créer et qui a déjà un nom :
« Carte postale sonore d’un futur désirable ».
Une exposition qui serait en partie basée sur des interventions scolaires dans lesquelles on réfléchirait au paysage sonore du quotidien dans une société désirable.
En s’appuyant sur les travaux de Mylène Pardoen, et le jeu de prospective de Julien Vidal : 2030 Glorieuses.
Jeu auquel je compte bien jouer tous les jours lors de mon Service Utopiste en Occitanie !
Quoi vous ne connaissez pas ?
Bon, allez, j’arrête cette epistola ad mare ici, allez vite vous renseigner, c’est tout simplement génial.
Voici le lien : Service Utopiste en Occitanie
Adiu lo monde !
Loucas (Estela Paulin) Laborderie
www.lesrevolutionsdelimaginaires.org
1 https://www.cerclesrestauratifs.org/wiki/Pr%C3%A9sentation_des_Cercles_Restauratifs
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